Mal payés : Qui paie le salaire des enseignants africains ?


En Afrique, le métier d’enseignant est souvent décrit comme une vocation noble… mais rarement comme un métier rémunérateur. Derrière chaque cours donné, chaque copie corrigée, une question persiste : qui paie réellement le salaire des enseignants africains ? Et surtout, pourquoi restent-ils si mal payés malgré l’importance capitale de leur rôle dans le développement du continent ?


1. L’État : le principal payeur… 

Dans la majorité des pays africains, ce sont les États qui assurent directement le paiement des enseignants, à travers les ministères de l’Éducation et des Finances.

  • Les salaires proviennent essentiellement du budget national, alimenté par les impôts, les taxes et parfois les ressources naturelles (pétrole, minerais, coton, cacao, etc.).
  • Mais dans beaucoup de pays, les budgets de l’éducation ne dépassent pas 15 à 20 % du budget national, ce qui reste insuffisant face à la croissance démographique et au nombre croissant d’élèves.
  • Conséquence : salaires bas, retards de paiement, grèves fréquentes.

Voilà pourquoi les enseignants attendent parfois des mois avant de toucher leur salaire.


2. Les bailleurs de fonds : des partenaires incontournables

Face à l’incapacité des États à tout financer, des organisations internationales interviennent :

  • La Banque mondiale, l’UNICEF, l’Union européenne ou encore la Banque africaine de développement financent des projets éducatifs, parfois en prenant en charge directement une partie des salaires.
  • Dans certains pays comme le Togo, ces financements extérieurs ont permis de recruter des milliers d’enseignants dits “communautaires” ou “volontaires”, souvent moins bien rémunérés que les titulaires de l’État.

Mais cette dépendance fragilise le système : que se passe-t-il quand les bailleurs se retirent ?


3. Les parents d’élèves : un rôle discret mais réel

Dans de nombreuses écoles publiques et surtout privées, ce sont les parents qui complètent le financement.

  • À travers les cotisations des associations de parents d’élèves (APE), ils paient directement certains enseignants dits “E-V”.
  • Dans les écoles privées, les salaires proviennent uniquement des frais de scolarité versés par les familles.

Conséquence : la qualité de l’enseignement dépend souvent du niveau économique des parents. Dans les zones rurales pauvres, il est fréquent que les enseignants soient payés moins de 40.000 FCFA par mois.


4. Pourquoi restent-ils si mal payés ?

Plusieurs raisons expliquent la situation :

  • Croissance démographique : trop d’élèves, pas assez de budget.
  • Mauvaise gestion ou corruption dans certains ministères.
  • Dépendance excessive aux financements extérieurs.
  • Faible priorité accordée à l’éducation dans certains pays par rapport aux dépenses militaires ou politiques.

Résultat : un enseignant africain gagne en moyenne entre 80.000 et 250.000 FCFA par mois, bien en dessous du coût de la vie dans les capitales.


 Conclusion

Les enseignants africains sont payés par une combinaison de l’État, des bailleurs de fonds et des parents d’élèves. Mais aucun de ces acteurs ne parvient aujourd’hui à garantir une rémunération digne et stable. Tant que l’éducation ne sera pas véritablement placée au cœur des priorités politiques, les enseignants continueront de travailler par passion plus que par reconnaissance. Et pourtant, sans eux, il n’y a ni avenir, ni développement possible pour l’Afrique.

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